Ecole et citoyenneté
Dans son édito du dernier bulletin trimestriel (octobre 2009), Mr le Maire, en évoquant l'école privée et en oubliant l'école publique a pris le risque de raviver les querelles entre partisans de l'école privée et partisans de l'école publique.
Rappelons à ce sujet quelques fondamentaux.
La tradition républicaine, de Condorcet à Jules Ferry, a toujours mis un accent particulier sur le rôle de l'école. Non pas une école qui participerait à une sorte de « bourrage de crânes » et de conditionnement des esprits, mais bien au contraire une école destinée à former le jugement critique du citoyen, bref sa
« capacité à penser par lui-même ».
L'école républicaine éduque à la liberté : elle est naturellement laïque car elle présuppose un espace commun à tous les citoyens en dehors des dogmes révélés : celui de la « raison naturelle », chose du monde la mieux partagée selon Descartes.
L'école républicaine porte par ailleurs des valeurs : égalité, fraternité nullement antinomiques avec la première de ses missions : l'éducation à la liberté c'est-à-dire à l'autonomie.
L'école républicaine a toujours enseigné, quand elle l'a fait, le patriotisme républicain, socle du civisme. De façon générale cependant, l'école républicaine telle qu'elle avait été conçue par la Révolution et telle que l'a mise en œuvre la 3ème République dite souvent « République enseignante », a plutôt formé des citoyens, leur transmettant une éducation morale et civique respectueuse de la liberté de chacun et qui se voulait universelle.
En conséquence, le rôle d'un maire est de rassembler et non de diviser comme c'est le cas en privilégiant l'école privée au détriment de l'école publique, surtout dans la période actuelle où l'idée républicaine » et le concept de citoyenneté sont battus en brèche dans le contexte de la globalisation financière.
Enfin, le rôle de l'école doit être abordé aujourd'hui avec sérieux et réflexion. En effet, il faut évoquer la crise de l'école affrontée à la puissance manipulatrice des médias et à la montée de la violence scolaire. Les fractures de la société font irruption dans l'Ecole. L'Ecole est remise en cause par les mouvements libertaires (contestation du « savoir » et des valeurs de la connaissance et par conséquent de l'autorité des maîtres, autant que par la puissance de l'argent (ségrégation scolaire).
Plus que jamais le redressement de l'école comme service public conditionne l'avenir de la démocratie. Il n'y a pas de République sans une école forte et assurée de ses valeurs.
Pierre ROUSSEAU
Président de l'ACV
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